Public: l'île rouge, épisodes 2 et 3

Une de nos enseignantes, Madame Anne Counet, se prépare à son départ à Madagascar, où elle va enseigner durant quelques mois. Nous lui avons proposé de nous faire parvenir quelques billets, de manière à ce que nous puissions suivre son projet. Le premier épisode est à lire ici.Voici les deuxième et troisième épisodes.

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L’île rouge (2)

septembre

Chères lectrices, chers lecteurs,

Bientôt un mois que je suis sur place, l’école n’a pas encore commencé. A Madagascar, il faut savoir que la EPP (école primaire publique) et d’autres écoles malgaches commencent les cours début octobre et finissent en août, il y a donc un léger décalage par rapport à notre système suisse. Certaines écoles privées ou rattachées à la France suivent les dates françaises.

 

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L’accueil à Gallo Junior était chaleureux, j’ai rencontré la directrice et le superviseur ainsi que les surveillantes et certains enseignants. Ces derniers, en règle général, travaillent dans plusieurs établissements et se déplacent entre les cours afin de compléter leur horaire. Vendredi 29 septembre, nous aurons la réunion des maîtres qui se déroulera dans une des salles de l’établissement. La directrice et le superviseur expliquent, en français, les différentes informations pour l’année scolaire. A la  fin, les enseignants discuteront du programme et s’arrangeront entre eux pour placer leurs périodes d’enseignement. A partir de là, une esquisse du programme scolaire sera faite et la semaine d’après les élèves commenceront les cours.

 

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L’école Gallo Junior accueille environ 300 élèves. C’est un collège et lycée privé avec des classes d’environ 30 élèves. Il y a une classe de 6ème, 5ème, 4ème, 3ème, deux de 2ème et deux classes de 1ère année, une pour les littéraires et une pour les scientifiques. Ensuite, on retrouve le même schéma avec les terminales qui obtiendront leur BAC. Pour ma part, je serai un peu plus informée sur mon emploi du temps la semaine prochaine, mais je naviguerai entre plusieurs classes pour enseigner le français, l’allemand, l’art visuel et la citoyenneté.

Samedi prochain, Agnès qui travaille au développement d’une prison m’a demandé de donner des cours « pédagogiques » à des prisonniers-enseignants. Je me suis rendu à plusieurs reprises dans cette prison et les conditions de vie sont très difficiles. J’espère pouvoir y aller de temps en temps pour enseigner le français et ainsi favoriser leur réinsertion. Agnès est une petite sœur qui fait partie d’une congrégation oeuvrant dans le quartier de Mahazina en collaborant étroitement avec l’association Zazakely (voir île rouge 1).

Dans la prochaine lettre, j’espère pouvoir vous en dire plus sur les cours et les élèves de Gallo Junior. Bonne continuation et à bientôt.

Anne Counet

L’île rouge (3)

octobre

Chers lecteurs, chères lectrices

Voilà quelques nouvelles de mes débuts d’enseignement à Gallo Junior. Les premières semaines scolaires, il faut savoir rester patient et flexible avec les horaires. Mais en plus, vers mi-octobre, ne voilà pas qu’il y a des « cas de peste » et qu’il faut fermer les écoles. Antsirabe n’a pas été beaucoup touchée par la peste, selon les nouvelles qui ne sont pas toujours très claires, mais il faut prévenir et du coup la première semaine de la rentrée, nous fermons l’école le jeudi et vendredi. Plusieurs rassemblements sont interdits et la décontamination des lieux publics est obligatoire.

Actuellement, le rythme s’est installé. Voici donc, le déroulement d’une semaine à Gallo Junior : le lundi, nous commençons la semaine par le lever du drapeau et l’hymne national. Les élèves ont mis leur uniforme pour l’occasion. La directrice et le proviseur font un discours afin de rappeler certaines règles, mais aussi pour faire passer des informations. Le reste de la semaine, les élèves se mettent en rang du plus petit au plus grand et ce sont les enseignants qui les font entrer en classe. Ceux qui sont tout devant sont les députés.

 

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Chaque élève possède un petit « carnet de bord » où ils notent leur retard, leur comportement, leur absence, horaire, information de l’école, etc. Ce petit carnet de quelques pages est à conserver tout au long de l’année et fait le lien avec la famille. C’est le seul cahier offert. En ce qui concerne les photocopies, les enseignants distribuent au début de la semaine des feuilles avec des exercices et ce sont les élèves qui paient le dossier.

En plus des cours que je donne, je m’occupe aussi de l’animation. Pour l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, les élèves de seconde ont été animer des postes à l’association Zazakely (voir île rouge 1). Les élèves malgaches ont ainsi pu prendre conscience de certain droit qui ne sont pas respectés dans leur propre pays, entre autres, que l’éducation n’est pas gratuite à Madagascar et donc pas tous les enfants n’ont accès à l’école.

 

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Figure 2 - 20 novembre

Pour finir, je voulais dire quelques mots par rapport aux cours de français que je donne à la prison le mercredi matin.  Il y a un peu près 25 prisonniers, cela dépend des jours car le rythme n’est pas encore vraiment respecté et en plus la prison a été fermée plusieurs semaines à cause de la peste. Les niveaux de français varient beaucoup. Certains prisonniers savent à peine écrire leur prénom, tandis que d’autres comprennent des histoires simples. Là aussi, il faut savoir s’adapter selon le niveau. Lorsque j’entre dans cette prison l’ambiance est assez lourde, mais les prisonniers accueillants.

Voilà du coup en très bref la suite de mon périple. A bientôt et bonnes fêtes de fin d’année.

Anne Counet